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Découverte du LiCS Coating® d’AML INNOVATION par Galvano Organo et L’Usine Nouvelle ! (4mn)
La famille Limbach a vu juste. Jean-Yves Milojevic est fier de la start-up qu’il dirige, AML Innovation : « La Lorraine, berceau historique de la métallurgie a connu des difficultés dans les années 1980, Alfred Limbach, propriétaire de l’entreprise, a pris le tournant vers l’aluminium et a commencé à travailler avec Électronique Serge Dassault ». Depuis près de 25 ans, AML est un fournisseur reconnu pour les composants aéronautiques extrêmement critiques, comme les boîtiers montés sur des moteurs d’avions militaires. Dans le spatial, AML a fourni plus de 33 000 composants radiofréquences passifs uniques de type guides d’ondes, qualifiés « spatial » pour plus de 115 satellites télécom ou scientifiques différents. Dans la chaîne de production, AML est une référence pour le brasage des composants pour des applications radar. Le savoir-faire est reconnu et qualifié par les grands donneurs d’ordres d’envergure mondiale.
AML Innovation relève les défis
Les demandes du marché aéronautique et spatial ont évolué à la fois en termes de matériaux et de procédés, l’un sans l’autre. Ce marché s’intéresse tout d’abord à l’alliage de titane pour ses propriétés mécaniques dont la fabrication additive permet une libéralisation des formes, mais aussi une miniaturisation des composants. Le post-process développé par AML couplé à l’impression 3D est désormais capable de respecter les cahiers des charges dictés par la fonction recherchée (conductivité électrique) et par l’environnement contraint (tenue mécanique aux vibrations, tenue en température ainsi qu’une faible rugosité des surfaces internes). Par exemple, les cavités internes des guides d’ondes imprimés 3D, d’une géométrie très complexe et difficile d’accès, peuvent maintenant être argentées
Revêtir, braser, étanchéifier, lisser…
Un défi relevé par la création, il y a deux ans, d’AML Innovation, un pur essaimage de la maison mère AML, qui a breveté son procédé de traitement de surface LICS Coating® en collaboration avec l’université de Lorraine, à la Halle des matériaux de l’EEIGM (Ecole Européenne d’Ingénieurs en Génie des Matériaux) . Sous forme de poudre en suspension dans un liquide, rappelé par l’acronyme de l’invention, LICS Coating® pour Liquid Chemical Suspension Coating, le revêtement est très adapté au post-process de la fabrication additive métallique des pièces en alliage de titane. C’est le chaînon manquant dans la chaîne de production d’AML Microtechnique Lorraine qui est en charge de développements produits en amont de la fabrication additive. AML Innovation prend le relais pour la partie « coating ». Daria Zhemchuzhnikova, docteure en métallurgie et responsable R&D chez AML Innovation, scrute minutieusement, sous l’œil du microscope, la morphologie en 3D des pièces additivées : « Sur ce démonstrateur imprimé en TA6V, revêtue à l’intérieur par le LICS, les résultats sont conformes aux attentes : la rugosité est parfaite et l’épaisseur est uniforme et stable pour une structure d’une telle complexité géométrique », ladite pièce en titane est brasée sur une céramique. La forte épaisseur de revêtement argent (400 ?m) est également validée.
Performant et écoresponsable
Les deux opérations, brasage et revêtement, se font en un seul cycle thermique, dans un même four nouvellement installé dans l’atelier de production d’AML Innovation. « Pour un bon assemblage de matériaux hétérogènes, on a fait le choix de travailler sous vide secondaire pour le brasage, dans un four performant pouvant travailler jusqu’à 1 300 °C », note Jean-Yves Milojevic. Grâce au plan de soutien France Relance, le groupe AML a investi dans ce nouveau moyen de production qui lui permet d’élargir son offre sur le brasage d’autres matériaux : titane, cuivre, bases nickel, aluminium, aciers ou inox. Performant et écoresponsable, LICS Coating® a plusieurs vertus. Sans cyanure, sa formulation pour l’argentage des pièces, auparavant sous-traité, répond aux exigences de conductivité électrique des pièces en alliages de titane. Lors de la fabrication additive, le LICS Coating® permet également d’étanchéifier les pièces à l’hypervide et surtout, de piéger les particules détachables partiellement fondues dans la matrice pouvant impacter sur la qualité du produit fini. Au final, la gamme de post-traitement en fabrication additive est simplifiée en comparaison aux procédés conventionnels électrolytiques et chimiques.
Interview de Jean-Yves MILOJEVIC, Directeur d’AML Innovation :
Galvano Organo : AML Innovation est créée suite à un constat industriel…
Jean-Yves Milojevic : AML Microtechnique Lorraine évolue dans des secteurs très exigeants de l’aéronautique, spatial, et de la défense, depuis une quarantaine d’années, en étant fournisseur de premier rang pour des composants fortement sollicités dont la qualité doit être irréprochable. L’impression 3D métal y contribue avec des enjeux pas complètement résolus en termes de post-process ou post-traitement pour les sous-ensembles hyperfréquence. D’une part, avec la problématique imposée par REACh et de l’autre, l’enjeu de la miniaturisation des pièces composées de couches multiples. La création d’AML Innovation s’est alors imposée en intégrant les problématiques amont et aval de l’impression 3D métal dans le business plan d’AML.
GO : Dans ce contexte, le procédé LICS Coating® peut être considéré comme une nouvelle branche de TS (traitement de surfaces). Quelle est la démarche d’AML Innovation ?
Jean-Yves Milojevic : Historiquement reconnue dans la métallurgie et l’usinage, notre approche de métallurgiste est différente de celle d’un chimiste, dès lors que l’on conçoit un procédé TS où le développement est plutôt guidé par la physique et chimie des matériaux ; la métallurgie des poudres, en l’occurrence, et qui fait appel à des paramètres particuliers comme la rhéologie des mélanges à base de poudres par exemple. Une de nos forces reconnues par la profession est la gestion de projets complexes jusqu’à l’industrialisation, un volet stratégique lorsque l’on apporte des solutions de rupture technologique. Pour le brasage, notre cœur de métier, AML Innovation, située juste en face de la maison mère, contribue au développement du procédé de brasage vers le « sous vide » qui est intégré dans le post-process comme décrit précédemment. C’est une illustration parfaite de notre démarche pour proposer une solution complète.
GO : AML Innovation est très sollicitée pour ses solutions. Quels sont les prochains développements ?
Jean-Yves Milojevic : Aujourd’hui, notre procédé sur le titane est qualifié et en production sur des pièces imprimées 3D ou usinées pour l’électronique de défense. Le marché du titane brasé ou revêtu intéresse également le médical, l’énergie, l’hydrogène ou l’industrie automobile, secteurs qui sont confrontés aux mêmes évolutions technologiques et ont des objectifs communs comme :
- la maîtrise de la fabrication additive,
- la miniaturisation des composants,
- le besoin de matériaux plus performants multicouches et multi matériaux
- ou la fonctionnalisation des surfaces. Forte de son expertise sur les dépôts conducteurs sur du titane imprimé en 3D, les développements à venir sont à la fois sur d’autres matériaux et d’autres fonctionnalisation de surface comme la résistivité ou l’anticorrosion. Si ces projets sont orientés sur la fabrication additive, AML Innovation propose également le brasage et le revêtement simultané des pièces conventionnelles. Très important, le groupe AML attache une importance particulière à la souveraineté industrielle : développer un écosystème et une supply chain locale. Tout cela en conformité avec notre démarche RSE comme le procédé développé par AML Innovation.